4 projets de recherche pour mieux comprendre le syndrome de Noonan chez les enfants

Rencontre avec la Dr Yline Capri, lauréate pour ses projets de recherche pour mieux comprendre le syndrome de Noonan chez les enfants

Le lundi 11 mars 2024 se réunissait le jury pour l’audition des candidats aux lauréats PH recherche permettant d’accorder des temps dédiés à des projets de recherche. 4 lauréats ont été retenus à l’AP-HP. Nord – Université Paris Cité, dont la Dr Yline Capri.

Yline Capri est pédiatre de formation et confie avoir toujours voulu faire de la génétique, spécialité dans laquelle elle s’est tout de suite orientée à son arrivée à l’hôpital Robert-Debré après son internat de pédiatrie. Et dès ses débuts, elle s’intéresse au syndrome de Noonan, une pathologie de la voie RAS, une voie de signalisation cellulaire permettant de donner des commandes aux cellules, présente dans tous les organes.

Elle explique : « La symptomatologie est très large et tous les enfants n’ont pas une expression de la maladie identique : troubles cardiaques, anomalies de la croissance, anomalies endocriniennes, troubles des apprentissages, déficiences intellectuelles, épilepsies, etc. ».

Malgré la maladie, la majorité des enfants peuvent avoir une vie de qualité satisfaisante qui ne les empêchera pas de fonder une famille, malheureusement cette maladie génétique dominante se transmet dans 50% des cas, avec une sévérité qui varie d’un individu à l’autre, y compris au sein d’une même famille.

C’est pour tenter de mieux comprendre certains aspects de la maladie que la généticienne a présenté un projet de recherche visant à mettre en lumière 4 points cliniques :

1/ L’expression anténatale de la maladie : Depuis 2016, Yline Capri s’intéresse à l’expression anténatale de la maladie et a constitué une cohorte de patients décédés dans des formes sévères, soit in-utéro, soit décédés dans le premier mois de vie soit des grossesses interrompues car la présentation clinique du bébé était jugée suffisamment sévère. « Nous avons une centaine de fœtus ou enfants dans ce cas-là, pour lesquels nous avons déjà récolté des données, qu’il faut maintenant analyser ».

2/ La clarté de nuque augmentée : Au premier trimestre de grossesse, on mesure un espace   sous la peau au niveau de la nuque dont l’épaisseur ne doit pas excéder 3,5mm d’épaisseur. Au-delà de ce seuil, il y a un risque que le fœtus soit porteur d’une anomalie chromosomique ou génétique ou d’une malformation. « Ce signe très précoce est exploré par des échographies complémentaires et des tests génétiques […] si on ne trouve pas d’anomalies chromosomiques, ce sont des enfants qui peuvent être porteurs d’un syndrome de Noonan […] la question que je souhaite résoudre est : est-ce que les enfants qui sont porteurs du syndrome de Noonan et qui ont présenté une clarté de nuque augmentée ont des symptômes plus graves que les enfants atteints qui n’en ont pas eu ? ».

3/ Les malformations cérébrales : Un certain nombre de patients ont une anomalie de la fosse postérieure du cervelet, soit il est trop petit, soit il est trop gros mais d’autres anomalies (ou variantes de la normale) ont été décrites dans le syndrome. Yline Capri cherche à déterminer si la taille du volume crânien ou des anomalies morphologiques cérébrale pourrait être récurrentes en relisant l’imagerie cérébrale d’un grand nombre ayant déjà eu cet examen. « Il n’y a pas eu d’étude larges dessus. J’aimerais élargir cette vision et potentiellement voir s’il y a une corrélation avec le niveau de difficulté intellectuelle ».

4/ Le risque hémorragique : L’hôpital Robert-Debré s’intéresse depuis longtemps aux saignements, fréquents chez les porteurs du syndrome de Noonan, qui ne sont pas dû à un déficit en facteur de coagulation mais à une anomalie de fonction des plaquettes. « Dans la littérature on a des séries décrites avec le gène prédominant mais moins de patients explorés avec d’autres gènes impliqués dans le syndrome de Noonan. Nous voulons regrouper plus d’informations cliniques et biologiques pour comprendre ce phénomène, mieux dépister le risque hémorragique et établir une conduite à tenir plus spécifique pour ces patients.

Retenue lauréate, la Dr Yline Capri disposera d’un temps dédié à ces projets de recherche pendant 2 ans à mi-temps.

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