A l’occasion de la journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe le 22 juin, rencontre avec le Dr Guillaume Geslain, praticien hospitalier dans le service de médecine intensive et réanimation pédiatriques de l’hôpital Robert-Debré AP-HP, également responsable de la seule coordination hospitalière de prélèvements multi-organes et de tissus exclusivement pédiatrique en France.
La coordination a récemment réalisé, en lien avec les autres services (chirurgie, anesthésie, bloc opératoire…) de l’hôpital, un prélèvement multi-organes (reins, cornées et valves cardiaques). Quels ont été selon vous, les facteurs clés de sa réussite ?
Il y a plusieurs éléments à souligner pour expliquer le succès de ce prélèvement multi-organes (PMO) :
– Des parents, particulièrement une maman, convaincus du bienfondé du don d’organes avec toute une famille unie pour les soutenir et les accompagner. Le dialogue en faveur du don d’organe avait déjà été initié en famille. Pour eux, cette possibilité de donner les organes de leur enfant donnait un sens à sa mort due à un accident domestique. C’est un geste qui tenait à cœur pour les parents, de pouvoir sauver d’autres enfants malades, simplement de la générosité.
– Une équipe médicale et paramédicale de réanimation formée et investie dans la prise en charge des enfants en mort encéphalique afin de pouvoir aller jusqu’au PMO, permettant de faire des entretiens de qualité, avec beaucoup d’empathie envers la famille.
– Une équipe de coordination soudée, investie, à tout moment du PMO. Nous avons pu compter sur les compétences de chacune.
– Un soutien du SRA (service de régulation et d’appui) de l’Agence de la Biomédecine.
– Un bloc opératoire prêt le moment venu et investi par les équipes de chirurgie et d’anesthésie.
Comment a été ou va être utilisé ce PMO, et quels enseignements pourrons-nous en tirer ?
Pour ce qui est du résultat, ce PMO a permis deux greffes rénales pédiatriques. Des valves cardiaques ont également pu être prélevées et pourront être greffées à deux enfants receveurs. Le prélèvement de cornées a été effectué dans le cadre d’une étude nationale (coordonnée par le CHU de Saint-Etienne) permettant à terme de développer la culture cellulaire cornéenne et ainsi augmenter le nombre de greffons afin de répondre à la forte demande.
Au quotidien, quel est le rôle de la coordination PMOT, à la fois pour accompagner les professionnels et les familles ?
Le rôle de notre coordination hospitalière est de veiller à mettre en place toutes les procédures permettant le PMOT dans des conditions strictes et rigoureuses dans le respect des bonnes pratiques de l’Agence de la Biomédecine.
Ce rôle s’articule autour de l’information et la formation de toutes les équipes impliquées dans la prise en charge de patients pédiatriques en état de mort encéphalique, de la communication avec les familles et de garantir le respect de toutes les règles de prélèvement jusqu’à l’acheminement des organes prélevés.
Nous sommes les garants du respect des procédures, de l’anonymat et des souhaits du défunt et de sa famille.
Nous mettons toutes les procédures en place afin de coordonner un parcours complexe avec beaucoup d’acteurs, ceci afin d’aller jusqu’au don.
Le 22/06, c’est la journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe. Auriez-vous un message à faire passer à cette occasion ?
Le message principal pour le 22 juin est d’insister sur la communication sur le don d’organes au sein des familles.
Il faut communiquer en famille sur le don d’organe. Donnez sa position, si on est pour ou contre. Aborder un tel sujet est difficile car on parle de la mort qui est tabou. Mais de donner son positionnement sur le don permet à la famille endeuillée de ne pas avoir à prendre une décision difficile. La famille pourra respecter les souhaits du défunt.
C’est le plus important : COMMUNIQUER EN FAMILLE.