Un observatoire national du diabète de type 2 à l’âge pédiatrique pour harmoniser les soins sur le territoire

Rencontre avec la Dr Élise Bismuth, lauréate PH recherche pour son étude sur le diabète de type 2 chez les enfants

Le lundi 11 mars 2024 se réunissait le jury pour l’audition des candidats aux lauréats PH recherche permettant d’accorder des temps dédiés à des projets de recherche. 4 lauréats ont été retenus à l’AP-HP. Nord – Université Paris Cité, dont la Dr Élise Bismuth.

Élise Bismuth est praticien hospitalier depuis 7 ans dans le service d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique de l’hôpital Robert-Debré où elle coordonne les différentes activités de diabétologie pédiatriques : soins, éducation thérapeutique, recherche et coordination du centre maladies rares PRISIS (pathologies rares de l’insulino-sécrétion et de l’insulino-sensibilité).

Elle mène déjà plusieurs projets de recherche dans ces activités et se félicite d’être lauréate de l’appel à projets de l’AP-HP pour profiter du temps recherche protégé accordé pendant deux ans.

Ses travaux l’amènent à dire que le DT2 à l’âge pédiatrique est une pathologie émergente en France et en Europe « en lien avec l’épidémie d’obésité ». Elle constate : « les adolescents peuvent, dès l’âge de 11-12 ans, développer un diabète sur une inadéquation entre sensibilité et sécrétion d’insuline ne permettant plus le maintien d’une glycémie normale ».

Le projet est axé autour de deux enjeux :

Epidémiologique. Comme elle l’explique, « c’est émergeant donc plus difficilement reconnaissable par les médecins dans les cohortes ». Un enjeu primordial car « la présentation chez l’enfant n’est pas la même que chez l’adulte. Un enfant avec du DT2 peut avoir une forme aigüe qui peut ressembler à du DT1. Si on ne fait pas la recherche du mécanisme de diabète on ne peut pas savoir si c’est du à une auto-immunité qui a détruit les cellules à insuline (DT1) ou à un diabète plus rare. On ne sait donc pas précisément combien de ces patients atteints de DT2 sont représentés en France.

Pronostiques. « Le DT2 est une maladie grave car elle se complique beaucoup plus fréquemment et rapidement que chez une personne DT1, âge, durée et équilibre équivalents, plus les comorbidités de l’obésité » d’après la diabétologue, ajoutant : « Il est important qu’ils aient une prise en charge thérapeutique adaptée pour que ça se passe le mieux possible pour eux. »

Avec ce temps recherche dédié, Elise Bismuth souhaite monter un observatoire national du DT2 à l’âge pédiatrique : combien de patients, comment ils se présentent, comment ils sont traités. « C’est en faisant une étude systématique que l’on pourra avoir un état des lieux en France, élément important pour harmoniser les soins sur le territoire, l’arrivée de nouvelles molécules pour la population pédiatrique pouvant potentiellement avoir un impact sur l’histoire naturelle de la maladie même s’il est un peu tôt pour le dire. »

À terme, elle souhaite que ce projet s’inscrive dans la temporalité, avec le suivi passif des cohortes à l’âge adulte pour étudier ce qu’ils deviennent.

Avant de terminer l’entretien, Élise Bismuth relève le fait qu’il faut absolument poursuivre les efforts de prévention : « tout est fait pour faire consommer. vous allez au supermarché et vous passez d’abord par 3 rayons de gâteaux et de jus bon marché avant d’arriver aux tomates qui vous coûtent bien plus chères. Il y a les trucs et astuces qui peuvent être utiles pour mieux consommer, cela fait partie des ateliers d’éducation thérapeutique que nous proposons, manger sain pour pas cher, manger local. Mais c’est vrai qu’un menu Fast food à 4c’est imbattable en fait… ». Aux personnes diabétiques de type 2 elle recommande une alimentation équilibrée, de l’activité physique, un accompagnement psychologique, social, et une stratégie médicamenteuse adaptée à la situation métabolique, précisant que « le diabète, nous le gardons à vie même s’il peut être en rémission, être bien équilibré, et nous permettre d’avoir une qualité de vie normale ».

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